Blanche Leridon
Le Château de mes sœurs
Paris
Les Pérégrines, 2024.
Au fond, quel est le juste mot dans la langue française pour définir une fratrie féminine, et la puissance et la justesse que cela représente ?
Il semblerait qu’il n’y en ait encore aucun.
Une fratrie constituée exclusivement de filles a longtemps eu la vie dure dans nos sociétés et été vue comme une déception ou un échec.
Et oui, la lignée passe apparemment par les fils…
Pourtant, les familles de sœurs héroïnes foisonnent ! Et cet essai va vous en faire les portraits. Des sœurs Brontë aux Kardashian vous en aurez pour votre page turner !
Cet ouvrage nous immisce dans un monde familier et énigmatique à la fois. Et beaucoup plus politique qu’on ne le croit ! Serait-ce là la naissance de la sororité ? Un voyage à la fois individuel et universel.
Captivante histoire de clans de femmes !
Issue d’une famille de quatre filles, ce livre m’a transportée tel un roman addictif ! J’ai adoré pouvoir me dire que je faisais partie de la bande !
Anne-So
Louis Wiart
Le sommeil n’est pas un lieu sûr
Paris
Les Impressions Nouvelles, 2015.
Avec son premier roman, Louis Wiart donne immédiatement le ton : un récit angoissant et oppressant. Que se passe-t-il réellement pour la narratrice pendant son sommeil ? Ses nuits deviennent de plus en plus agitées, marquées par des sensations étranges et inquiétantes. Rêve-t-elle, ou cette voix qu’elle entend est-elle bien réelle ?
Une chose est sûre : cette situation perturbe sa vie conjugale, familiale et professionnelle. Notre angoisse grandit en parallèle de celle de la narratrice, dont le mal-être ne cesse de s’intensifier.
Dans ce roman très court, où la frontière entre cauchemar et réalité s’efface peu à peu, l’auteur nous plonge dans un huis clos psychologique, à lire d’une traite.
L.L.
Julia Deck
Ann d’Angleterre
Paris
Éditions du Seuil, 2024.
Ne vous fiez pas à son titre : Ann d’Angleterre n’a rien d’un roman historique !
Il s’agit d’une autofiction largement inspirée de la vie de l’autrice, Julia Deck, et de sa mère, Ann une Britannique qui a quitté son Angleterre natale dans sa jeunesse pour s’installer en France.
Tout bascule le jour où Julia retrouve sa mère inanimée dans la salle de bain, victime d’un AVC. À 84 ans, son pronostic vital est engagé, et ses chances de survie sont minces. Contre toute attente, Ann survit mais les séquelles sont lourdes, et une assistance permanente devient indispensable.
Commence alors pour Julia un véritable parcours du combattant : entre démarches administratives et errance médicale, elle cherche désespérément une maison de soins adaptée aux besoins de sa mère.
Mais Ann d’Angleterre n’est pas seulement le récit d’une lutte contre un système de santé défaillant. Il relate également la vie de cette « British » : son enfance dans une famille ouvrière en Angleterre, son installation à Paris, sa vie de professeure, son amour pour la littérature et son rôle de mère,…
Et ce n’est pas tout : des secrets de famille enfouis refont surface au fil du récit. À vous de les découvrir…
L.L.
Becky Chambers
Histoires de moine et de robot
traduit par Marie Surgers,
France
L'Atalante (collection La Dentelle du cygne), 2022–2025.
Vous cherchez un livre qui panse le cœur, changer de la dystopie à l’utopie ? Voici une mini-série de 2 tomes à découvrir !
Plusieurs siècles plus tôt, les robots ont soudainement acquis une conscience. Mais lorsque cet évènement est arrivé, après une bonne conversation, la population humaine s’accorde pour laisser les robots vivre leur vie, de leur côté, en pleine nature.
Cependant, il y aura toujours des humains en quête de sens. Nous suivons donc l’histoire d’un d’entre eux qui, après s’être rendu compte de l’absence de grillons en ville, part à la recherche de plus de nature. Une rencontre impromptue entre deux êtres bien différents peut-elle changer des vies ?
Le rythme de cette histoire est doux et lent, les tomes fins, voici de quoi faire une pause dans un monde qui va vite et retrouver l’espoir que tout peut bien se passer.
N’hésitez plus à vous emparer de cette lecture bonbon !
Clémence
Rebecca Yarros
Fourth Wing
traduit par Karine Forestier,
Paris
Hugo Roman (collection Romantasy), 2024.
Mon plus gros coup de cœur pour 2024 !
Fantasy, aventure, dragons et une héroïne absolument badass : ce premier tome d’une trilogie promet d’être inoubliable.
Nous suivons Violet Sorrengail, qui rêve d’intégrer le quadrant des Cavaliers, le plus périlleux de tous. Mais son physique frêle et son absence de formation ne jouent pas en sa faveur. Pourtant, elle n’a pas le choix : sa mère, une générale impitoyable, l’a envoyée sur cette voie sans lui laisser d’alternative. Dans ce monde où les dragons ne pardonnent rien, elle devra réussir… ou mourir.
L’auteure excelle dans l’art de tisser des intrigues parallèles sans jamais perdre en fluidité.
J’ai littéralement dévoré ce roman ! Les personnages sont terriblement attachants, et il m’a donné envie d’apprivoiser un dragon moi aussi. Quant à la relation passionnée et orageuse entre Xaden et Violet, elle est parfaitement construite : l’ennemis-to-lovers dans toute sa splendeur !
Un livre à réserver à un public averti.
Louise
Mr. José‑Louis Bocquet & Catel
Alice Guy
Paris
Casterman (collection « Les Clandestines de l’Histoire »), 2021.
Avec ce roman graphique, le duo Bocquet et Catel met à l’honneur Alice Guy, première femme réalisatrice de l’histoire du cinéma.
Au fil des pages, nous découvrons le parcours de cette pionnière. Née en France, Alice passe une partie de son enfance au Chili, où son père dirige une chaîne de librairies. Après un séjour en Suisse, elle s’installe à Paris et trouve un emploi comme sténodactylographe. C’est sa rencontre avec Léon Gaumont qui change le cours de sa vie : elle y découvre l’univers naissant du cinéma.
Tout au long de l’ouvrage, on croise les grandes figures et inventions qui ont marqué les débuts du 7ᵉ art : biographe, kinétographe, phonoscène… On suit l’ascension d’Alice, depuis son premier film « La Fée aux choux » jusqu’à son arrivée aux USA où elle crée son propre studio de production.
Malgré ses 400 pages, cette BD se dévore. Le travail de documentation y est remarquable et remet Alice Guy à la place qu’elle mérite celle d’un des grands noms du 7ᵉ art.
L.L.
Lou Lubie
Et à la fin, ils meurent : La Sale Vérité sur les contes de fées
Paris
Delcourt, 2021.
Commençons par le fait que j'ai dévoré la BD !
Le dessin est facile à comprendre, quelques couleurs simples, opposées l'une à l'autre pour l'ombre et la lumière, ceux-ci sont dynamiques et compréhensibles. C'est super sympa pour apprendre des choses.
L'écriture est vraiment sympa (quelques répétitions, parfois un peu gavant au niveau apprentissage (plus en mode mange mange mange ce que j'ai à t'apprendre)) mais en globalité, la manière d'amener le texte et les contes au sein de la structure globale du livre est vraiment cool
L'humour (manque parfois de subtilité mais finalement, n'est ce point ce qu'on aime) est très percutant et hyper drôle. J'ai beaucoup ri.
Le petit hic sont les annotations, ils y en a beaucoup pour peu de références. Ils en mettent 10 pour juste une référence c'est un peu dommage.
La mise en page est bien, ça rentre dans le style graphique de la BD, recherchant la liberté dans ses cases 😊 Les thèmes sont multiples, variés, mais surtout très intéressants.
Du coup si je devais mettre une note, un bon 8.5/10. Divertissant, enrichissant, instructif il a beaucoup de point positif.
Mais ce truc d'annotation partout c'était déconcentrant et cela a perturbé le bon moment 😁
Une lectrice
Vous voulez en savoir plus sur les contes de fées ? Leurs origines, leur évolution, le passage de la tradition orale à l’écrit ? Vous souhaitez découvrir leurs versions originales, souvent bien plus sombres que celles que l’on connaît aujourd’hui ? Vous vous demandez comment Disney s’est approprié ces histoires en les édulcorants ?
Alors cette bande dessinée est faite pour vous !
Lou Lubie décrypte les contes de fées et en révèle avec humeur leur face cachée.
L.L.
L’Homme étoilé
À la vie ! – L’Homme étoilé
Paris
Calmann‑Lévy (collection Graphic), 2020.
Apporter de la vie à la mort voilà le défi que s’est lancé l’homme étoilé. Infirmier en soins palliatifs, il fait en sorte que les derniers instants de ses patients soient aussi doux que possible, notamment par le biais de la musique.
C’est avec délicatesse, émotions et une touche d’humour qu’il nous immerge dans son univers où la mort est certes omniprésente mais remplie d’une grande humanité.
L.L.
Mr Craig Johnson
Enfants de poussière
traduit par Sophie Aslanides,
Paris
Gallmeister, 2012.
Another Man's Moccasins (2008).
Un grand bonjour ensoleillé du Wyoming.
Ah, que j’aime la saga Walt Longmire ! Car l'œuvre de Craig Johnson offre des intrigues solides, des personnages récurrents extrêmement attachants et, en fil rouge à chaque livre, des cases qui s'ouvrent petit à petit sur le passé de son héros, renforçant le lien entre les différents tomes.
Ici, c’est le cadavre d'une jeune vietnamienne qui va mettre en branle ce nouvel opus. Il est découvert le long d'une route du comté d'Absaroka, Wyoming. Un crime odieux vite résolu puisqu'à quelques pas de là, sous un tunnel, vit un indien SDF, en possession du sac à main de la victime, et particulièrement violent lorsque Walt Longmire veut procéder à son arrestation. Pourtant, le shérif n'est pas homme à se contenter d'un coupable tout trouvé. Ancien marine, vétéran du Vietnam, Longmire croit reconnaître l'un des siens en ce colosse indien, muet et fou furieux. Il ne lui en faut pas moins pour chercher ailleurs l'assassin de cette ''enfant de poussière'', née d'une mère vietnamienne et sans doute à la recherche de son père américain. Dans le sac de celle-ci, une vieille photo de Walt, assis au piano d'un bar, quelque part au Vietnam, il y a quarante ans de cela... Une affaire compliquée pour le shérif, qui voit affluer ses souvenirs de guerre, lorsque, envoyé à Tan Son Nhut, il effectuait sa première enquête en tant qu'inspecteur des marines.
Ce mélange de périodes traitées à grands coups de courts flashbacks fonctionne parfaitement et le livre devient un véritable page-turner.
Toujours aussi attachante, la petite communauté du comté d'Absaroka devient, au fil des tomes, une famille que l'on retrouve avec plaisir et qu'on aime à connaître mieux.
Avec une pensée spéciale pour Henry Standing Bear, la Nation Cheyenne à lui tout seul.
Amitiés
Mimi
978-2-26615570-0 | Nom et prénom du prescripteur : Mimi |
A REMPLIR PAR LE PRESCRIPTEUR Nom et prénom : Robert Crais |
Réservé aux données bibliographiques. Le dernier détective, de Robert Crais, traduit par Hubert Tézenas, Belfond, 2004. The Last Detective, 2003. P-3 CRA 0919 D | R/ Enlèvement d’enfant sous la garde d’un détective fautif, pourtant auto-proclamé meilleur détective du monde. Mercenaires dangereux impliqués. Pistes très minces. Partenaire blessé, ancien des forces spéciales et dur à cuire, présent au bon moment. Mère très inquiète, mais toujours amoureuse du détective. Père cocu et furieux. Humour, émotions fortes et suspens. A prendre en une dose, sans modération. Possibilité d’étendre le traitement aux autres tomes de la série. |
Cachet du prescripteur | Date et signature du prescripteur : 1er Juillet 2025 Mimi |
Date de fin pour l'exécution : jamais. |
PRESCRIPTION DE MEDICAMENTS D' APPLICATION A PARTIR DU 1er juillet 2025 |
Ce thriller musclé, sombre et dense vous invite à suivre le quotidien tout sauf paisible de Titus Crown, ex-agent du FBI devenu le premier shérif noir de Charon County. Dans ce comté rural de Virginie où le racisme est quasiment héréditaire, la couleur de peau de ce représentant de la loi ne fait pas vraiment l'unanimité, ni chez les blancs, forcément, mais pas non plus au sein de sa propre communauté, où beaucoup le considèrent comme un traître.
Le jour où un professeur de géographie adulé de tous se fait abattre par un élève noir, fils d’un ancien ami de Titus, au lycée Jefferson Davis et que le meurtrier est ensuite descendu par les collègues blancs de Titus, celui-ci se retrouve subitement avec les deux communautés sur le dos et à la tête d'une enquête particulièrement explosive…
Le personnage tourmenté du shérif, d'une droiture à toute épreuve, est attachant, le biotope de ces villes du Sud avec une bible dans une main, un flingue dans l'autre et des opioïdes dans les poches est décrit de façon magistrale et l'intrigue policière est captivante.
Si vous avez envie de découvrir l’atmosphère moite du sud des États-Unis, ses suprémacistes blancs, son histoire douloureuse et ses prêcheurs pas toujours en odeur de sainteté, alors n’hésitez pas à vous plonger dans le sang des innocents.
Mimi
L’héroïne de ce roman n’aime pas son fils.
Malgré tous ses efforts et malgré tout le bien-être qu’elle lui souhaite, elle n’y arrive pas. Elle aimerait autant sa vie sans lui. L’avoir deux week-ends par mois frôle déjà l’overdose.
Il faut bien l’admettre, Sabine échoue à être mère. C’est un constat, pas une fierté. Elle le sent, et c’est tabou. Tour à tour jugée ou prise en pitié, son histoire ne peut être racontée, et encore moins partagée.
Pourquoi alors, se prendre d’affection pour le fils d’une collègue ? Quel est ce sentiment nouveau d’amour inconditionnel ?
Sabine rencontre une part d’elle-même dont elle ne connaissait pas l’existence.
Vous la trouvez horrible ? Elle se sent monstrueuse.
J’ai adoré l’écriture et le choix assumé du sujet par l’autrice ! Et vous ? Quel est votre part d’ombre ?
Anne-So
On n’ira pas par quatre chemins : le thème risque de choquer.
Sabine n’aime pas Téo, son fils de 6 ans. Elle aurait aimé, elle a essayé sincèrement. Mais ce lien « sacré » qu’on dit instinctif entre une mère et son enfant n’a jamais existé entre eux.
Sabine ne lui veut aucun mal. Au contraire, elle lui souhaite d’être heureux. Mais il lui est tout simplement… indifférent. Et c’est réciproque : depuis la séparation de ses parents, Téo passe deux week-ends par mois chez elle, et refuse catégoriquement de manger en sa présence. Les faits sont là et Sabine en a assez de faire semblant.
Elle ne veut plus qu’on lui cherche des excuses :
Non, ce n’est pas un baby blues non diagnostiqué.
Non, ce n’est pas passager.
Non, elle n’a pas « besoin d’aide ».
Ce qu’elle souhaite, c’est qu’on accepte sa réalité telle qu’elle est.
Mais notre société n’est pas prête à entendre l’inavouable, surtout de la part de celle qui a donné la vie. Sacrilège ultime : comment Sabine peut-elle ressentir un amour maternel pour un enfant qui n’est pas le sien ? Car Sabine n’est pas dépourvue de sentiments.
La rencontre avec cet enfant va bouleverser ses certitudes… et le reste de sa vie.
Ce roman à la thématique dérangeante ose aborder un sujet tabou rare en littérature et dans le monde dans lequel nous vivons : celui du désamour maternel.
Lore