Mme Élodie Shanta
Résine
Paris
Delcourt, 2021.

Au Moyen-Âge, il n’était pas bon d’être une sorcière. Après avoir été démasquée, Résine fuit son village avec son compagnon Claudin pour commencer une nouvelle vie à Floriboule. Mais malgré leurs précautions pour passer inaperçus, leur arrivée va être à l’origine de nombreux problèmes : accusations infondées, confrontations avec les autres villageois, … Surtout que, dans le village, vit déjà l’Apothiquéresse, une sorcière qui tente de rester discrète.

Cette BD pleine d’humour et aux personnages hauts en couleurs ne manque pas d’humour et de douceur. Elodie Shanta arrive, à travers ses dessins enfantins et ses couleurs pastelles, à aborder des problématiques telles que le patriarcat, le harcèlement, les violences faites aux femmes.

M. Davide Morosinotto
La plus grande
traduit par Marc Lesage,
Paris
L'École des loisirs, 2021.
Il più grande (2020).

Ce livre est un mélange de Mulan et Pirates des Caraïbes pour ceux qui ont la référence.
En 1770, on suit une héroïne hyper attachante, en commençant par son plus jeune âge. Depuis toujours, Shi Yu est une personne animée par une rage de vivre incroyable.


On voguera avec elle sur les mers de Chine, et on sent le parfum des embruns au fil des pages. Les techniques de combat portent des noms incroyables, et même si on n’a jamais pratiqué les arts martiaux de sa vie, on a l’impression de s’aguerrir au fil des années avec l’héroïne.


Du début à la fin, on ne peut pas lâcher le roman !

Louise

L’héroïne de ce roman n’aime pas son fils.

Malgré tous ses efforts et malgré tout le bien-être qu’elle lui souhaite, elle n’y arrive pas. Elle aimerait autant sa vie sans lui. L’avoir deux week-ends par mois frôle déjà l’overdose.

Il faut bien l’admettre, Sabine échoue à être mère. C’est un constat, pas une fierté. Elle le sent, et c’est tabou. Tour à tour jugée ou prise en pitié, son histoire ne peut être racontée,  et encore moins partagée.
Pourquoi alors, se prendre d’affection pour le fils d’une collègue ? Quel est ce sentiment nouveau d’amour inconditionnel ?

Sabine rencontre une part d’elle-même dont elle ne connaissait pas l’existence.
Vous la trouvez horrible ? Elle se sent monstrueuse.

J’ai adoré l’écriture et le choix assumé du sujet par l’autrice ! Et vous ? Quel est votre part d’ombre ?

Anne-So

On n’ira pas par quatre chemins : le thème risque de choquer.
Sabine n’aime pas Téo, son fils de 6 ans. Elle aurait aimé, elle a essayé sincèrement. Mais ce lien « sacré » qu’on dit instinctif entre une mère et son enfant n’a jamais existé entre eux.

Sabine ne lui veut aucun mal. Au contraire, elle lui souhaite d’être heureux. Mais il lui est tout simplement… indifférent. Et c’est réciproque : depuis la séparation de ses parents, Téo passe deux week-ends par mois chez elle, et refuse catégoriquement de manger en sa présence. Les faits sont là et Sabine en a assez de faire semblant.

Elle ne veut plus qu’on lui cherche des excuses :
Non, ce n’est pas un baby blues non diagnostiqué.
Non, ce n’est pas passager.
Non, elle n’a pas « besoin d’aide ».
Ce qu’elle souhaite, c’est qu’on accepte sa réalité telle qu’elle est.

Mais notre société n’est pas prête à entendre l’inavouable, surtout de la part de celle qui a donné la vie. Sacrilège ultime : comment Sabine peut-elle ressentir un amour maternel pour un enfant qui n’est pas le sien ? Car Sabine n’est pas dépourvue de sentiments.
La rencontre avec cet enfant va bouleverser ses certitudes… et le reste de sa vie.

Ce roman à la thématique dérangeante ose aborder un sujet tabou rare en littérature et dans le monde dans lequel nous vivons : celui du désamour maternel.

Lore

Lorsque l’une des deux sœurs qui ne sont plus en contact depuis longtemps a un accident, l’autre la rejoint à Paris pour l’aider le temps de sa réhabilitation. Les retrouvailles sont tendues, Clara et Axelle ayant des tempéraments bien différents. Clara (Flipette), mesurée et réfléchie, est une artiste en quête de sens. L’actualité l’angoisse et elle préfère ne pas trop se renseigner sur le monde, les guerres, les crises écologiques, etc. Axelle (Vénère), au contraire, est une militante engagée qui déborde de colère devant les injustices sociales. En chaise roulante depuis son accident, elle fait découvrir son monde à Clara qui va devoir la remplacer au sein des associations dans lesquelles Axelle est engagée. Clara se retrouve confrontée à ce qu’elle essayait jusque-là d’ignorer : réfugiés, adolescents placés, …

Ce roman graphique nous présente la friction entre deux extrêmes. Les deux sœurs ne se comprennent pas, ayant chacune leur propre façon de faire face à une société dysfonctionnelle. Au fil des disputes et des dialogues, on recherche la meilleure manière de faire face au monde d’aujourd’hui : faire l’autruche pour protéger sa propre santé mentale comme Clara, ou s’investir corps et âme pour tenter d’améliorer, même un tout petit peu, les choses comme Axelle ? Flipette et Vénère nous fait nous remettre en question quant à notre rapport au monde qui nous entoure et à nos (non-)actions. Être constamment  en colère contre les injustices, c’est éreintant, mais est-ce une raison pour s’enfermer dans notre petite bulle de confort ?

Violaine

Que font les vikings lors de leurs mystérieux voyages sur les mers indomptées ? … Eh bien, tout est explicite dès la lecture du titre de l’album !

Plongez dans cette très dôle série d’albums délicieusement absurde nous emmenant dans tous les secrets et travers bien gardés de ces (pas si ?) valeureux vikings.

Clémence

Comment remettre les pieds sur terre à un enfant qui refuse de vivre dans la réalité ? Question bien épineuse pour deux parents perdus dans le système qui les pousse à sur-médicamenter leur fils neuro-atypique, coincé dans le monde fictionnel de Mitsuo. Sa mère, Emma, refuse ce destin et s’enfuit avec lui. Arrivera-t’elle à enfin reconnecter avec lui ?

Sensible et poétique, l’histoire est sublimée par de magnifiques dessins et couleurs. Cette série, prévue en 2 tomes, commence de façon virtuose avec cet album !

Clémence

Parfois guérir n’est pas une possibilité, voilà alors quand démarre la recherche pour « se rétablir ». Lisa Mandel recueille ici plusieurs témoignages de personnes atteintes de maladies mentales, comme entendre des voix, être bipolaire, tdah… ainsi que chacun de leur parcours, chacun unique, à la recherche d’une façon d’aller mieux, même si « se rétablir, c’est vivre avec ».

C’est tellement intéressant d’en apprendre davantage sur ces personnes, qui auraient, il n’y a pas si longtemps, juste été étiquetés « fou » ou « folle » et abandonnés dans un asile, mais qui aujourd’hui, grâce aux bonnes rencontres et aux bons spécialistes, peuvent vivre plus sereinement et être plus épanouis.

Tout est raconté avec beaucoup de clarté, de pédagogie, une touche d’humour comme il faut, et permet d’avoir un nouveau regard face à l’altérité. À découvrir !

Clémence

Dans un hameau reculé au cœur d’une montagne allemande, Jakobsleiter, une communauté anabaptiste vit loin des modes de notre vie contemporaine.

Depuis dix ans, Smilla, stagiaire au journal du village le plus proche, recherche une explication à la disparition brutale de sa meilleure amie dans cette même montagne.

Et brusquement, Rebekka, jeune fille de Jakobsleiter, disparaît elle aussi. S’ensuit alors une enquête effrénée pour comprendre l’origine de ses disparitions et les mystères liés au hameau.

Roman polyphonique, Les enfants loups nous mène de point de vue en point de vue pour nous approcher doucement et implacablement de l’effroyable vérité. Entre le thriller et le roman social, ce livre est absolument impossible à lâcher !

Céline

« J’ai écrit et volé deux heures à mon quotidien et à mon ménage

Des heures à l’usine

Des textes et des heures

Comme autant de baisers volés

Comme autant de bonheur

Et tous ces textes que je n’ai pas écrits »

Par amour, le narrateur quitte son job d’éducateur en région parisienne et suit sa femme en Bretagne. Pas de job dans son domaine dans la région, et commence alors la grande valse des missions intérimaires en usine.

Conserverie de poisson, égouttage de tofu, abattoir, les lieux changent mais la répétition des gestes perdure. De formation littéraire, le narrateur ne cesse de faire des liens avec les écrits d’auteurices aimé·e·s, et ponctue son texte de références et des chansons populaires qui égaient les journées.

« Quelle poésie trouver dans la machine la cadence

Et l’abrutissement répétitif »

Un texte écrit pourtant comme un long poème, magnifique et percutant, qui raconte le corps fourbu, les pensées qui flottent au rythme des gestes mécaniques, le sommeil qu’on ne trouve plus le week-end.

« J’écris comme je travaille

A la chaîne

A la ligne »

Ce récit est un indispensable manifeste intime et politique, qui nous plonge dans le quotidien précaire des ouvriers intérimaires.

Céline

Quinze ans après l’effondrement, on retrouve avec délectation Eva et Nell, les héroïnes de Dans la forêt. Mais c’est leur fils, Burl, qui nous raconte leur vie en symbiose avec la nature dans une langue qui lui est propre. La traduction de Josette Chicheportiche est d’ailleurs très réussie pour rendre l’inventivité linguistique et la vision de ce personnage qui n’a jamais connu le monde d’Avant…

Un roman qui touche et fait réfléchir à la fragilité et la dureté du monde mais aussi à sa beauté…

Juan et son fils Gaspar fuient l'Argentine par la route pour rejoindre la frontière nord brésilienne. La mère de Gaspar a disparu quelques semaines auparavant dans des circonstances étranges et floues. Comme son père, Gaspar a hérité d’un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte de l’Ordre, une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle. Mais Juan est bien décidé à soustraire son fils de l'emprise de l'Ordre…

Mariana Enriquez mélange Histoire et fantastique dans un réalisme magique maîtrisé à la perfection. On voyage, dans ce récit à plusieurs voix, de l’Argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970. Magie noire et dictature se rejoignent par la violence et l’horreur. Notre part de nuit est une lecture sombre et envoutante d’une grande puissance.

Violaine

Leo vit avec son petit ami Simon depuis dix ans. Lié par une enfance troublée, le couple vit parfaitement heureux. Jusqu'à ce que tout change : Simon rentre chez eux au milieu de la nuit et Leo ne le reconnaît plus, ni dans ses gestes, ni dans ses mots. Lentement, l'existence méticuleusement construite de Leo s'effondre, jusqu'à mettre sa vie en danger...

Un roman que vous ne saurez pas lâcher une fois commencé. Simon sombre peu à peu dans la folie sous les yeux impuissants de la narratrice, mais comment savoir à quel moment il faut intervenir ? Je ne suis pas là ne manque pas de rebondissements et tient un suspense haletant jusqu’à la dernière page, sans tomber dans l’excès.

Violaine

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