Toute la beauté du monde n’a pas disparu de Danielle Younge-Ullman

Ingrid, 17 ans, ne comprend pas ce qu’elle fait dans ce camp de survie en pleine nature. Elle n’a pas sa place parmi ses ados à problèmes qui ont des comptes à régler avec la société. Mais elle a
passé un contrat avec sa mère, et pour obtenir de faire des études de chant dans une prestigieuse école artistique anglaise, elle est prête à affronter ses trois semaines de trek dans la boue attaquée par les moustiques.

Au fil des jours et des (més)aventures, elle écrit des lettres à sa mère, qu’elle n’enverra jamais mais qui lui permettent d’expier. Elle raconte aussi ce qu’elle tait aux autres. Son enfance en tournée avec sa mère, Margot-Sophia Lalonde, étoile montante de l’opéra, jusqu’au drame, les cordes vocales endommagées. La dépression et ces jours sombres où sa mère ne sortait plus du lit. L’amour, aussi, salvateur ou décevant. Et surtout sa passion pour le chant, dévorante mais impossible à vivre pour ne pas blesser l’ancienne cantatrice. 

Peut-on guérir les blessures de l’âme en dépassant les limites de son corps ? A l’instar de l’héroïne de Wild, c’est à cette question qu’Ingrid devra répondre, mais contre son gré. Maîtresse dans l’art de l’autodérision, elle nous conte son cheminement avec beaucoup de justesse et d’humour. Derrière le rire, ce sont pourtant des sujets bien plus graves qui sont abordés par l’auteur. La dépression, le viol, et notre capacité d’affronter la vie, ou notre choix d’abandonner sont évoqués, avec réalisme et sensibilité. 

Un roman pour ado qui tient la promesse de ce titre si beau. 

Toute la beauté du monde n’a pas disparu / Younge-Ullman, Danielle ; Gallimard, 2018

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