La Forêt des Renards Pendus de Nicolas Dumontheuil, d’après un roman d’Arto Paasilinna

Rafael Juntunen a réussi un braquage, dont il a tiré quatre lingots d’or, mais qui vit son complice se faire arrêter. Ledit complice, un fou sanguinaire, va bientôt sortir de prison, bien décidé à récupérer sa part du magot, là où Rafael n’a aucunement l’intention de lâcher le grisbi. Il s’enfuit donc, au nord, toujours plus au nord, au fin fond de la Laponie, dans la forêt des renard pendus. Bientôt rejoint, malgré lui, par un major de l’armée complètement alcoolique ayant décidé de prendre une année sabbatique dans un chalet de bûcheron loué pour l’occasion. Ce dernier l’invite à s’installer avec lui. A ce premier couple, vient se greffer une nonagénaire lapone, la plus vieille Lapone skolte au monde ! fuguant avec son chat sous le bras la maison de retraite dans laquelle la bonne société veut la placer. Et, entre ce trio loufoque et maintes péripéties, dans ce huis clos nordique, un flic corruptible, deux prostituées affectueuses, un renard curieux surnommé « 500 balles » et même quelques touristes allemands. Au cœur de cette nature sauvage, ils vont progressivement équiper leur cahute de tout le confort (Sauna, bagnoire, hifi, etc.) grâce à l’or de Rafaël. Tout semble aller pour le mieux dans ce petit paradis lapon mais même dans le grand nord, la civilisation vous retrouve toujours !

Pour les amateurs comme moi de Paasilinna (Le lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis), cette adaptation fidèle du roman éponyme, a gardé toute sa saveur, son humour décalé, son ironie et ses personnages burlesques défiant la morale coutumière. Le tout sur un ton entièrement assumé de joyeuse immoralité, car ici la luxure est délicate, la corruption est badine, le crime désinvolte. Perdus au milieu de nul part, nos héros anti-conventionnels se découvriront un attachement sincère en une amitié inattendue. On s’attache d’autant plus à ses personnages, à l’affection qui naîtra entre eux, qu’ils sont eux même sans attache, décidés pour un temps à se couper du monde extérieur.
L’écueil des adaptations littéraires est bien connu : accoucher d’un album bavard. Même si certains descriptifs, surtout au début de l’histoire, peuvent l’être un peu et paraître redondants avec l’image, dans l’ensemble cela n’est pas gênant. Cela nous permet par ailleurs de conserver le recul nécessaire pour apprécier le burlesque des situations présentées et les dialogues ne sonnent pas faux, bien au contraire. Le rythme de l’album est haletant, N. Dumontheuil ayant su élaguer la matière initiale pour n’en garder qu’une substantifique moelle trépidante.

La forêt des Renards Pendus / Dumontheuil, Nicolas, d’après un roman d’Arto Paasilinna ; éd. Futuropolis, 2016

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